Gilles Bertrand
Gilles Bertrand
Curriculum Vitae
Gilles Bertrand est professeur d’histoire moderne à l’Université Grenoble Alpes depuis 2000 (ex-Université Pierre Mendès France, Grenoble 2) et il a été membre senior de l’Institut universitaire de France de 2012 à 2017. Né le 7 juin 1956, agrégé d’histoire en 1978 et élève de l'Ecole Normale Supérieure Lettres et Sciences Humaines de 1976 à 1980 (alors ENS de Saint-Cloud, aujourd’hui ENS de Lyon), il a également été élève à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris (1977-1979). Il a enseigné comme lecteur dans les universités italiennes et a été attaché-linguistique, directeur-adjoint du Centre Culturel Français de Milan. Il a été pendant cinq ans visiting professor et adjunct professor à l’Université Ca’ Foscari de Venise sur une chaire d’histoire des voyages (de 2015-2016 à 2019-2020).
Ses recherches portent essentiellement sur l’histoire culturelle de l’Europe au XVIIIe siècle et à l’époque révolutionnaire et impériale. Sa thèse dirigée par Louis Marin a eu pour objet Le Masque dans les représentations de la fête vénitienne au XVIIIe siècle (Paris, École des Hautes Études en Sciences Sociales, 1992). Dans son sillage, il s’est penché sur les rapports entre fête, culture et politique en Italie au XVIIIe siècle, dégageant les liens entre les différentes formes du pouvoir et les expressions de la vie culturelle, et comparant les villes capitales d’État de la péninsule. Sa coordination dans les années 2002 à 2005 d’un projet collectif sur le destin des rituels dans l’espace urbain de l’Antiquité à nos jours est relayée par un autre projet qu’il espère réussir à faire aboutir, celui d’un atlas culturel des villes italiennes à l’époque moderne.
Un ouvrage replaçant le carnaval du XVIIIe siècle dans une perspective historique de longue durée est paru en 2013 et a été réédité en poche : Histoire du carnaval de Venise (XIe-XXIe siècle), Paris, Pygmalion, 2013 (rééd. coll. Texto, Paris, Tallandier, 2017) avant d’être traduit en italien (Storia del carnevale di Venezia, Vérone, Cierre Ed., 202). Gilles Bertrand a également proposé une synthèse sur l’histoire croisée de l’Italie et de la France à l’époque moderne et jusqu’en 1830 dans un ouvrage co-écrit avec Jean-Yves Frétigné et Alessandro Giacone : La France et l’Italie. Histoire de deux nations sœurs de 1660 à nos jours (Paris, Armand Colin, 2016; rééd. coll. Mnémosya, 2023).
Gilles Bertrand a depuis la seconde moitié des années 1990 orienté une grande partie de ses travaux vers l’étude de l’histoire du voyage en Europe (Italie et France, notamment). Cela l’a amené d’un côté à construire une archéologie des représentations et des modèles intellectuels, axée sur les visions de l’altérité et les modes d’élaboration des connaissances de la nature et du passé, de l’autre à appréhender la complexité des pratiques de la mobilité entre la France et l’Italie de la fin du XVIIe siècle au début du XIXe siècle.
Il a publié dans cette optique plusieurs livres, dont une monographie sur le voyage des Français en Italie de 1750 à 1815, Le Grand Tour revisité (Rome, 2008, rééd. en format de poche en 2021). Celle-ci était issue de son habilitation à diriger des recherches soutenue en janvier 2000 sous la direction de M. Dominique Julia. Sur la lancée de sa délégation à l'Institut Universitaire de France de 2012 à 2017, il a travaillé sur "L'expérience de l'Italie. Mobilités européennes dans la péninsule italienne (1680-1830)", cherchant depuis lors à s’inscrire dans l’optique du voyage des Européens dans le continent tout entier. Il travaille actuellement à une histoire du voyage des Européens en Europe.
Tout en étant spécialisé sur le XVIIIe siècle, G. Bertrand élargit parfois son champ d’étude du XVIe au XXe siècle dans le cadre d’atlas et de catalogues d’expositions. Sa rencontre avec le photographe Raymond Escomel l’a amené à écrire un essai sur le sens de sa propre expérience du voyage en Italie (Nos Italies, Créaphis, 2021). De façon plus distante, il poursuit des projets sur la création picturale et la mémoire dans la Venise du XVIIIe siècle, ainsi que sur les interactions et échanges culturels internationaux au niveau européen.
En tant que directeur de 2001 à 2007 du CRHIPA (Centre de recherche en histoire et histoire de l’art. Italie, pays alpins, interactions internationales), [devenu le LUHCIE au 1er janvier 2016] équipe d’accueil de l’Université de Grenoble 2 [intégrée à l’Université Grenoble Alpes au 1er janvier 2016], il a œuvré pour le renforcement d’un pôle d’études sur l’Italie à Grenoble, en liaison avec des chercheurs d’autres disciplines (histoire, histoire de l’art, études italiennes, littérature française, philosophie).
A côté de ses recherches sur le pouvoir et la fête à Venise, Gilles Bertrand s'est intéressé aux divers aspects de la rencontre entre cultures :
- Sous le Regard de Marianne, Milan, CUEM, 1990, 182 p.
- La parola conquistata, sous la dir. de G. Bertrand et E. Salvadori, Come, Ibis, 1997, 221 p.
-Identité et cultures dans les mondes alpin et italien (XVIIIe-XXe siècle), sous la dir. de G. Bertrand, Paris, L'Harmattan, 2000, 251 p.
Il s’est penché sur le voyage à l'époque des Lumières et au début du XIXe siècle, en se situant sur le double registre des approches intellectuelles relevant d’une histoire des représentations et de celles plus matérielles, pouvant aller jusqu’aux aspects politiques, administratifs et juridiques induits par le déplacement :
- Paul Guiton et l'Italie des voyageurs au XVIIIe siècle, Moncalieri (Turin), CIRVI, Bibliothèque du Voyage en Italie, n° 56, 1999, 182 p.
- Bibliographie des études sur le voyage en Italie. Voyage en Italie, voyage en Europe, XVIe-XXe siècle, Grenoble, Université Pierre Mendès France, Cahiers du CRHIPA n° 2, 2000, 301 p.
- Le vie delle Alpi : il reale e l'immaginario / Les chemins du voyage en Italie : du réel à l'imaginaire, sous la dir. de G. Bertrand et M. T. Pichetto, Aoste, Musumeci, 2001, 248 p.
- Discours sur la montagne (XVIIIe-XIXe siècle). Rhétorique, science, esthétique, numéro spécial de la revue Compara(i)son coordonné par G. Bertrand et A. Guyot, Berne, Peter Lang, 2003, 347 p.
- La culture du voyage. Pratiques et discours de la Renaissance à l’aube du XXe siècle, sous la dir. de G. Bertrand, Paris, L’Harmattan, 2004, 296 p.
- Commerce, voyage et expérience religieuse, XVIe-XVIIIe siècles, sous la dir. de A. Burkardt, en collaboration avec G. Bertrand et Y. Krumenacker, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2007, 507 p.
- Le Grand Tour revisité. Pour une archéologie du tourisme : le voyage des Français en Italie, milieu XVIIIe-début XIXe siècle, Rome, École française de Rome, Collection de l’École française de Rome n° 398, 2008, 791 p.
- Voyage et représentations réciproques (XVIe-XIXe siècle). Méthode, bilans et perspectives, sous la dir. de G. Bertrand, Grenoble, Université Pierre Mendès France, Cahiers du CRHIPA n° 15, 2009, 359 p.
-La République en voyage (1770-1830), sous la dir. de G. Bertrand et P. Serna, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2013, 441 p.
-Frontières et altérité religieuse. La religion dans le récit de voyage, XVIe-XXe siècle, sous la dir. de A. Nijenhuis-Bescher, S. Berthier, G. Bertrand, F. Meyer, dir., Rennes, PUR, 2019, 321 p.
-Voyages illustrés aux pays froids (XVIe-XIXe siècle). De l’invention de l’imprimerie à celle de la photographie, sous la dir. de G. Bertrand, D. Chartier, A. Guyot, M. Mossé, A.-E. Spica, Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise Pascal, 2020, 282 p.
-Exil-asile : du droit aux pratiques (XVIe-XIXe siècle), sous la dir. de Gilles Bertrand, Catherine Brice et Mario Infelise, Rome, École française de Rome, CEF 594, 2022, 551 p.
Sur ce même créneau, il s’est occupé de l’édition de deux textes du XVIIIe siècle, l’un connu mais dont on avait «oublié» le manuscrit original qui n’est lui-même qu’une copie, l’autre tiré de l’obscurité des archives:
-Montesquieu, Mes voyages, Paris, Classiques Garnier, 2012, xxvi-714 p., volume dirigé par J. Ehrard avec la collaboration de G. Bertrand d’après le manuscrit de la Bibliothèque de Bordeaux, in Oeuvres complètes, Tome X, publiées en 22 vol. par la Société Montesquieu avec annotations de la partie « Italie » du Voyage de Gratz à La Haye par G. Bertrand, F. Brizay, J. Ehrard et H. Pommier.
-Una marchesa in viaggio per l’Italia. Diario di Margherita Boccapaduli, 1794-1795, édité et présenté par Gilles Bertrand et Marina Pieretti, Rome, Viella, coll. "La memoria restituita. Fonti per la storia delle donne", 2019, 400 p.
Son intérêt pour l’anthropologie des rituels et de la fête, pour l’histoire de la construction et de la rencontre des savoirs ainsi que pour l’historiographie l’a amené à co-diriger les ouvrages suivants :
- Le destin des rituels. Faire corps dans l’espace urbain (Italie- France-Allemagne), sous la dir. de G. Bertrand et I. Taddei, Rome, École française de Rome, Collection de l’École française de Rome n° 404, 2008, 550 p.
- I Lumi e la Rivoluzione francese nel dibattito italiano del XX secolo / Les Lumières et la Révolution française dans le débat italien du XXe siècle, sous la dir. de G. Bertrand et E. Neppi, Florence, Olschki, Gabinetto scientifico e lettrerario G.P. Vieusseux Studi n° 20, 2010, 313 p.
- Des « passeurs » entre science, histoire et littérature. Contribution à l’étude de la construction des savoirs (1750-1840), sous la dir. de G. Bertrand et A. Guyot, Grenoble, ELLUG, 2011, 236 p.
- Fraternité: pour une histoire du concept, sous la dir. de G. Bertrand, C. Brice et G. Montègre, Grenoble, Université Pierre Mendès France, Cahiers du CRHIPA n° 20, 2012, 238 p.
- Bibliothèques et lecteurs dans l’Europe moderne (XVIIe-XVIIIe siècles), sous la dir. de G. Bertrand, A. Cayuela, C. Del Vento et R. Mouren, Genève, Droz, 2016, 532 p.
- Collectionner la Révolution française, sous la direction de G. Bertrand, M. Biard, A. Chevalier, M. Poirson, P. Serna, Paris, Société des Etudes robespierristes, 2016, 307 p.
G. Bertrand est l’auteur de près de 200 articles et groupes de contributions à des ouvrages collectifs, de notices de dictionnaires, d’une quarantaine de comptes rendus d’ouvrages et d’une dizaine de contributions à des catalogues d’art.